D’autre part, sans l’entendement, seul capable, en se constituant une opinion au travers de concepts et de raisonnements d’origine purement humaine, de penser à titre d’objets les choses qui apparaissent à nos sens, le phénomène ne saurait être fondé. Il n’y a pas moyen en effet d’avoir toute connaissance à la fois sur l’objet et sur ses interactions avec l’espace environnant. » Il lui répond ainsi : « Peut-être faudrait-il imaginer la transition d’un état stationnaire à un autre à peu près comme le passage d’une image à une autre dans certains films. L’autre hypothèse est donc elle-ci : (...) cette innovation relève probablement de ce que l’on appelle l’émergence. Le fondement de l’univers est le vide quantique reposant sur de la matière (et de l’antimatière) sans masse inerte et que l’on appelle matière virtuelle.Il y a de nombreuses différences entre les problèmes philosophiques que soulevait Kant à son époque et ceux soulevés par la physique quantique, même si on relève un point de convergence : la mise en avant des phénomènes comme base de la science et pas de possibilité de connaissance de l’objet lui-même. Cependant on a constaté que le capital génétique d’un individu change au cours de la vie, les réplications n’étant pas tout à fait à l’identique. Avant d’aborder ce point, quelques distinctions terminologiques s’imposent : on assimile, en effet, chez Kant, en tant qu’ils s’opposent au phénomène, le noumène, la chose en soi et l’objet transcendantal.
La physique quantique donne de multiples exemples du contraire. 1- Introduction de la question posée par la notion de phénomèneLe terme de phénomène signifie que l’observateur peut voir ou percevoir qu’il se passe quelque chose de remarquable (une réaction identifiable, éventuellement reproductible, mesurable) sans forcément distinguer de quoi est faite la matière en question ni comment cette matière peut produire une telle réaction.Phénomène et réalité, phénomène et rationalité, phénomène et objet matériel, phénomène et noumène, connaissance ou pas de la chose en soi, phénomène physique ou chimique, phénomène matériel ou psychologique, phénomène et observateur, phénomène matériel ou spirituel, phénomène déterministe ou contingent, phénomène prédictif ou probabiliste, la notion de « phénomène » pose de multiples questions à la fois scientifiques et philosophiques.Il y a un phénomène quand on remarque que des faits se reproduisent quand on se trouve dans les mêmes conditions initiales. C’est ce que l’on observe lorsque l’eau d’une casserole sur le feu est mise en mouvement à partir du moment où une différence de température suffisante existe entre le fond de la casserole et la surface de l’eau. Deuxièmement, il ne fait que montrer une des potentialités et pas l’unique. Il peut se transformer en énergie (en mouvement, en interaction, en corpuscules de lumière) ou être construit à partir d’énergie. Le second prétend, à la manière de l’ancienne thèse mécaniste, ramener le monde à la matière-chose- objet.La matière est-elle chaotique, émergentiste, non-linéaire, quantique ? Au contraire, si la poudre est trop serrée, on bouchera aléatoirement trop de pores et… plus de café. C’est une caractéristique du monde. Pour chacun, la conscience de soi appartient à la conscience de soi collective. La particule ou l’atome n’est jamais dans un seul état mais dans une superposition d’états. Le caractère dialectique de l’objectif et du subjectif, de l’être et du paraître, de l’être et du devenir, du hasard et de la nécessité, de l’objet et de l’environnement, de la matière et de la forme, du contenu et de la structure, de l’actuel et du potentiel, disparaît ainsi. L’expérience ne nous dirait rien, selon cette thèse, sur la réalité de la matière. On ne peut pas opposer diamétralement ni matière et vide, ni matière et énergie, ni matière et lumière. Finie la matière qui ne peut pas apparaître ni disparaître mais seulement se transformer. C’est renversant et éprouvant intellectuellement pour les scientifiques et cela amène nombre d’interrogations scientifiques et philosophiques.On peut lire dans « L’objet quantique » de Lochak, Diner et Fargue :Et l’une des particularités du niveau quantique est que l’objet n’est plus vraiment un objet au sens où on l’entendait jusque-là… On ne peut plus suivre sa trajectoire dans l’espace-temps.